Il est baroque et original dans son comportement, ses costumes, sa coleta naturelle. Il fume des cohibas même dans le callejón. Il a fait l’acquisition d’un bureau ayant appartenu à
Joselito El Gallo qu’il admire infiniment.
Pourtant sa simplicité et son abord facile lui gardent l’affection de son village natal et ses parents et ses copains font toujours partie de sons entourage.
Il fait le pèlerinage du Rocío à Pentecôte et défile incognito en costume de nazareño pour accompagner la Macarena.
Il dut un temps faire face à ses démons en s’éloignant
des toros, en 2004 il partit à Miami soigner une grave dépression… Il restera fragile psychologiquement. Ceci expliquant cela on le vit souvent bâcler des faenas, refuser de voir des toros qui ne lui plaisaient pas, abréger
sans concession déclanchant des broncas majuscules ! Morante est ainsi ; Marc Lavie déclare « il joue avec le temps, avec les genres, avec les styles, capable de faenas magiques où il enlace le toro et les spectateurs.
Sans avoir bu la moindre goutte d’alcool on sent l’ivresse à voir toréer ainsi ».
Cette année est exceptionnelle pour le cigarero malgré une saison étouffée
par un infâme virus. Le Ministère de la Culture lui a décerné le Prix National de la Tauromachie reconnaissant « la singulière personnalité créatrice d’un
artiste qui crée et renouvelle le toreo classique pour le public actuel ». Le jury remarqua la difficulté de ces temps de crise due au Covid et la responsabilité assumée par la figura del toreo en toréant
divers encastes. Il a été le leader de l’Escalafón » en réalisant des faenas mémorables dans les principales arènes espagnoles. Morante a offert les 30 000 € du prix à la Casa
de Misericordia de Pamplona.
En début de temporada il avait déclaré être las des Domecq et voulait essayer autre chose. Pour la première fois il se retrouve en tête de l’Escalafón
2021 pour 49 corridas lidiées, 51 oreilles et un rabo pour 104 toros combattus. Des triomphes importants dans les plazas de 1e et 2e catégorie (Madrid, Séville, Jerez, Salamanque)...
Il s’était annoncé avec les Miuras pour la San Miguel à Séville. A ses détracteurs qui ne croyaient qu’en un caprice de Diva, le torero fit un pied de nez en affrontant les pensionnaires de Zahariche
en compagnie de spécialistes que sont Manuel Escribano et Pepe Moral.
Son premier Miura lui permit une prestation artistique de haut niveau. Malheureusement son second fut renvoyé au corral remplacé
par un Virgen Maria qui ne se monta pas très commode. Le maestro a su améliorer sa charge, toréant avec le chapeau que lui envoie Rafael Peralta enthousiaste. Morante tua le toro « a recibir » mais l’épée
trop basse à son goût lui fait refuser l’oreille demandée à grands cris par les aficionados, démontrant encore son honnêteté.
N’a-t-il pas fait taire, à une
autre occasion, la musique, préférant « la musica callada del toreo» si chère à Bergamín que Morante affectionne particulièrement.